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ToggleIntroduction
J’aimerais vous faire part de mon rapport à la musculation durant une partie de mon adolescence, afin que vous appreniez à mieux me connaitre et que vous compreniez en partie ce qui m’a amené à poursuivre ce sport et à devenir coach sportif.
Peut-être ne trouverez-vous pas mon témoignage inutile et/ou stupide. Je pense personnellement que parler de son évolution à travers ses difficultés et faiblesses passées ne peut être que bénéfique pour tout le monde ; pendant que vous disposez d’un support de réflexion à votre potentiel introspection personnelle, écrire cet article m’a permis de dénouer certaines de mes anciennes frustrations/souffrances persistantes. Le plus important est que chacun y trouve son compte.
Commencement
Suite aux recommandations d’un ami de l’époque, j’ai pratiqué quelques exercices de musculation au poids du corps chez lui. Je trouvais cela difficile, alors j’ai rapidement abandonné.
Je suis ensuite tombé par hasard sur la chaine YouTube de « Tibo Inshape » (il avait ≈ 350 000 abonnés à l’époque). Je me rappelle que je le méprisais pour sa joie et sa bonne humeur qui m’ont finalement convaincu de visionner son contenu à partir de ses 700 000 abonnés environ. À partir de ce moment, ses vidéos étaient devenus un véritable déclic pour moi. À force de visionnage, mon mépris s’était complètement éteint et a été remplacé par de l’admiration ; j’avais l’impression que la motivation de ce vidéaste m’atteignait viscéralement. Il ne m’a pas fallu longtemps avant de découvrir la chaine de « Body Time » qui était devenue ma seconde chaine YouTube préférée à l’époque. Exemples de contenu que j’admirais (quelles retrouvailles ah ah) : https://www.youtube.com/watch?v=cEqwD2bAvR8, https://www.youtube.com/watch?v=Fq5TVp-JNIw
J’ai par la suite progressivement découvert d’autres chaines YouTube du fitness francophone telles que « Nathan Mozango », « All musculation », « From Human To God », « Enzo Foukra », … ; je pense que j’ai fini par presque connaitre toutes celles de l’époque tellement je passais mon temps à visionner ce type de contenu.
Bref. Mes six premiers mois sérieux de musculation ont donc démarré au domicile de mes parents, vers mes 16 ans ½-17 ans. En m’inspirant des programmes véhiculés par les vidéastes que je suivais à cet âge (principalement « Tibo Inshape » et « Body Time »), je m’entrainais principalement à partir d’exercices au poids du corps, qui par la suite ont été complété par des exercices avec matériels (banc tape à l’œil, haltères et barre olympique Décathlon). J’étais extrêmement fier des premiers résultats. Le gringalet, aussi plat qu’une planche à repasser, se transformait pour ressembler à quelque chose …
09-2016 (début des opérations)
Première inscription en salle de sport
Après plusieurs mois d’entrainements seul, accompagné de mes possibilités d’entrainement limitées dû à un équipement restreint, j’ai commencé à ressentir de la démotivation ; c’est la raison qui a fait que mes parents ont accepté de m’inscrire en salle de sport. Je me répétais souvent ceci (sans que ce ne soit du mot à mot) : « grâce à cette inscription en salle de sport, fini le manque de contact sociaux, fini le manque de matériel, place à la manifestation de ma volonté dans les meilleures conditions qui soient ». Une chose est certaine : cette opportunité a renforcé mon obsession de vouloir prendre du muscle à foison.
Comme pour tout débutant mettant les pieds pour la première fois en salle de sport, il m’a fallu un certain temps d’adaptation avant que je m’accommode à ce nouvel environnement ; d’autant plus que l’espace d’entrainement des machines et poids/haltères était « Old School » (si vous ne voyez pas de quoi je veux parler, imaginez-vous dans un hangar rempli de certaines machines rafistolées, de différents types de poids, et peuplé d’individus poussant des cris à l’effort). Je connais des salles de sport plus rassurantes pour une première fois, bien que ce « World Gym » n’était pas aussi effrayant que je le présente.
Malgré ma peur de l’inconnu, je gardais toujours à l’esprit que ce nouvel espace d’entrainement était une chance qui s’offrait à moi, et qu’il était hors de question que je la gâche. En ce temps, j’étais fortement rassuré de savoir que je n’étais pas totalement seul dans ce « World Gym », car j’avais la chance d’avoir un de mes amis de l’époque qui s’entrainait parfois en même temps que moi ; c’est d’ailleurs cette personne qui m’a recommandé de m’inscrire à cette salle.
Le temps passe, et malgré mon manque de compétences sociales, je noue progressivement contact avec d’autres adhérents de la salle. Petit à petit, je m’accommode à mes nouvelles habitudes.
Bien que, je ne savais pas si ce que je faisais à l’entrainement était bon (comme tout débutant), je m’efforçais tout de même de maintenir une certaine rigueur dans le suivi de mes séances via un carnet de notes. Durant mon temps libre, je me gavais de vidéos YouTube d’influenceurs fitness francophone dans une démarche d’apprentissage et de divertissement (je suis honnête jusqu’au bout ah ah).
Je me souviens qu’en ce temps, je me représentais souvent la salle d’entrainement comme un lieu d’expérimentation, et mon domicile comme l’endroit où je pouvais réfléchir au prochain test à mettre en place. Je me suis creusé la tête un nombre incalculable de fois pour essayer de comprendre ce que je ne connaissais pas ou pas suffisamment. Je faisais souvent les mille et un pas en pensant que ma réflexion pouvait se suffire à elle-même (lol).
J’étais plein de bonne volonté, mais ma démarche d’apprentissage était dictée par de mauvaises méthodes ; c’est ce qui m’a frustré à plusieurs reprises sans que je ne sache réellement l’expliquer sur le coup. Selon moi, il n’y a rien de plus frustrant que de vouloir faire les choses correctement mais sans savoir à quelle porte toquer. J’avais parfois conscience de cela, et c’est d’ailleurs parfois ce qui sabotait mon implication vis-à-vis de certains/plusieurs de mes entrainements.
Malgré que je sois longtemps resté un petit être insatisfait de mes résultats, plus je progressais et plus j’aimais ce que je faisais. Me voir évoluer physiquement me permettait de grandir mentalement, et nourrissait ma confiance personnelle pour me rendre plus apte à surmonter mes difficultés de vie en tant qu’adolescent. J’avoue aussi que les compliments que je recevais à l’école ne me laissait pas indifférent : « Mr. Muscle, Arnold, Schwarzy, tu as pris des bras, … ». Quoi de mieux que des louanges pour combler de bonheur un adolescent en quête de développement personnel ? Pas grand-chose, à part les filles et les jeux vidéo …
Descente progressive en enfer
Arrive un moment où je ne remarquais plus de progression marquante. J’avais beau m’investir corps et âme, je n’en devenais pas moins démotivé à la vue de mes maigres résultats.
Le problème venait-il d’un manque de clarté et de précision dans la définition de mes objectifs, d’un programme d’entrainement incohérent entre le volume et l’intensité, d’une mauvaise gestion de mon implication à l’entrainement, ou d’autre chose ? Je pense que les trois points énumérés y étaient au moins pour quelque chose.
À force de manquer de satisfaction à l’obtention de mes maigres résultats, j’ai fini par me persuader que j’étais proche de mon potentiel maximal en tant que pratiquant de fitness, que mes performances étaient condamnées à toujours rester pareilles. Rien que ça … Le sport, qui a la base est censé être anxiolytique, était pour moi devenu anxiogène. Je continuais mes entrainements sans trop savoir pourquoi. Un jour je m’entrainais, un autre je me laissais convaincre que j’avais besoin de plus de jours de repos. Autant mon démarrage non structuré de la musculation m’a permis de progresser de par mon implication et ma conviction envers la nécessité d’en vouloir toujours plus, autant quelques mois de pratique en salle ont été suffisant pour que je devienne arrogant envers moi-même. Voici donc comment s’est déroulé ma première période de stagnation en tant que débutant. C’est ironique d’une certaine manière, car stagnation et débutant ne devrait normalement pas figurer dans la même phrase …
De plus, j’avais l’impression de tourner en rond, entre les conseils incomplets/évidents et/ou bancals de certains Youtubeurs fitness francophones et ceux d’amis aussi peu renseignés que moi.
Sans parler des stéréotypes que mes parents entendaient à propos de la musculation (ces derniers décuplaient leur peur que je me blesse tout en me frustrant par la même occasion) : « mauvais pour la longévité du corps (traduit par le fameux « tu le payeras plus tard »), surtout mauvais pour la colonne vertébrale, rend plus lent les mouvements du quotidien, sport d’imbécile soulevant des poids, … ». Bien que l’intention première de mes parents étaient de me protéger, leur peur dû à leur manque de connaissance des stéréotypes qu’ils affirmaient représentait pour moi une menace pesant autour de ma pratique de la musculation. Je craignais ne plus pouvoir m’entrainer en salle, pire encore, je craignais ne plus pouvoir pratiquer la musculation ; la seule chose que j’ai pu construire de moi-même en ce temps et dont j’étais fier. M’imaginer une sorte de compte à rebours pouvant à tout moment stopper mon contact à la musculation était tout sauf rassurant pour moi.
Étant donné que je souhaitais aborder une évolution globale de mon hygiène de vie, je suis aussi passé par la remise en question de ma nutrition. En conséquence de quoi je me suis pris de pleine face de nombreux mythes également dans ce domaine, notamment : « les protéines sont mauvaises pour les reins, la whey protéine c’est du dopage, ce n’est pas bon de manger autant d’œufs dans la même journée car cela génère du mauvais cholestérol, … ».
La plupart du temps, j’étais extrêmement frustré de ne pas savoir quoi répondre aux stéréotypes auxquels j’ai été confronté. C’est pourquoi, pour protéger les changements positifs mis en place dans mon hygiène de vie, j’interprétais souvent ces stéréotypes comme des ennemis générés par des personnes stupides. Adopter une approche épistémologique n’était pas dans mes moyens de l’époque ; cela aurait été trop m’en demander. De ce fait, tant bien que mal, je luttais pour préserver ma faible démarche critique en vue d’évoluer. Cette dernière était soit dénué de sens dans le pire des cas, soit empiriste dans le meilleur des cas, mais elle représentait avant tout la raison pour laquelle j’éprouvais de la difficulté à répondre intelligemment avec calme et pertinence aux remarques qui m’étaient faites (surtout à partir du peu de connaissances que j’avais assimilé). Il va sans dire que j’étais extrêmement frustré lorsque mes interlocuteurs « m’expliquaient » un sujet qu’ils ne connaissaient pas en se contentant de braver leur opinion avec joie et fierté ; c’est sans doute ce qui les incitait à m’interrompre lorsque je tentais de développer une idée allant au-delà de la simple opinion … Ah là là, qu’est-ce que j’ai maudit l’argument d’autorité.
Pinocchio et ses acolytes (aucune péjoration, juste de l'humour)
Arrive le moment fatidique où mes parents (surtout ma mère) voulaient que je me fasse suivre par des professionnels de santé ; c’était d’une certaine manière le deal pour que je puisse continuer à m’entrainer en salle. Bien que cela partait d’une bonne intention, n’ayant pas eu le choix, j’ai été contraint d’accepter.
J’ai d’abord rencontré un kinésithérapeute du sport et ensuite une diététicienne/nutritionniste sportive. Ayant été convaincu par leur prestance, j’ai placé ma confiance en eux dans l’espoir de sortir de cette satanée phase de stagnation/déprime. Je me suis partiellement trompé. Quand l’un me disait que la musculation était mauvaise pour le dos si le mouvement était mal exécuté et qu’elle ne servait qu’à compléter un autre sport, l’autre établissait un plan nutritionnel en ne me posant aucune question sur mes entrainements. J’ai eu droit à chacun de leur préjugé.
Pinocchio
Je me souviens que le kiné me reprochait mon manque de flexibilité et de variété dans mes entrainements, en me rappelant je ne sais combien de fois que « la souplesse est une composante nécessaire à la santé » (je dis bien « la » et non « ma » car il ne faisait pas la différence). Depuis quand toucher le sol jambes tendues et « dos droit » est un indicateur de bonne santé ?! C’est d’ailleurs certainement ce qui a orienté la prescription de ses séances « check up » d’étirement et de crochetage du dos … Pendant que mes parents perdaient leur argent en pensant que leur fils était correctement encadré, je souffrais le martyr durant les séances de crochetages tout en perdant mon temps aux séances d’étirements. Dans cette histoire, j’avais fini par croire que les séances « check up » d’étirement étaient devenus nécessaires pour une bonne santé et une bonne prévention des blessures ; or, nous savons que c’est l’inverse : les étirements, malgré leurs avantages avérés, ne représentent pas une composante santé de première importance comparé aux autres composantes majeures de la condition physique (composition corporelle, endurance cardiovasculaire, endurance musculaire, force musculaire) [1], et ne préviennent pas le risque de blessure [2, 3, 4, 5].
Un autre des conseils du kiné était de suivre la méthode Lafay. Étant donné que c’est une méthode à base de renforcement au poids du corps, c’est forcément « naturel » contrairement aux vilaines machines et aux barres dangereuses … En d’autres termes, le kiné me faisait comprendre qu’il était préférable que j’arrête progressivement la musculation en salle, celle qui donnait un sens à ma vie au passage, pour la transitionner vers du renforcement au poids du corps. Il est difficile pour moi de dire ce que je ressentais à ce moment. De la colère ? De la frustration ? De la peur ? Du déni ? De la culpabilité ? Du dégout ? De la honte ? De la tristesse ? Un peu de tout à la fois bien emmêlé comme il faut.
Malgré l’énorme maladresse de mon ancien kiné ainsi que le manque de fiabilité de certains de ses conseils, j’ai tout de même pu tirer avantage à varier mes exercices en incluant le renforcement au poids du corps dans ma routine d’entrainement. Cette diversification dans mes entrainements m’a permis de relancer mes objectifs sportifs, et donc de sortir un peu la tête de l’eau en quelque sorte ; c’est en grande partie cela qui m’a par la suite donné envie d’explorer le « street workout ».
Acolyte 1
Concernant les erreurs de la diététicienne, elle m’a d’abord reproché mon « surplus de masse musculaire », en précisant que mon potentiel musculaire était au maximum et que ma charpente osseuse pouvait se retrouver en danger si je continuais à prendre du muscle. En tant que jeune de 18-19 ans, mon hygiène de vie était loin d’être efficiente, et on m’annonce que je suis au maximum du capital musculaire que je peux atteindre naturellement, en me précisant un potentiel risque de danger futur … J’avoue avoir été à la fois flatté, légèrement soulager, mais surtout extrêmement apeuré et dégouté par ce message ; d’autant plus que ce dernier ne faisait que me conforter dans la (fausse) conclusion que j’avais personnellement tiré auparavant. Voici une réponse courte et ciblée décrétant la précédente affirmation comme fausse : « le mode de construction allégé de l’architecture osseuse permet des adaptations locales aux directions des forces entrantes (lignes de force) ; ce sont des phénomènes qui, pour les os, ont été décrits plus tôt comme la loi de Wolff, dans laquelle la forme suit la fonction » [6].
Je me souviens aussi que la diététicienne déterminait l’état de santé de mes organes par palpation, tout en posant des métaux au niveau de mon nombril (il y avait du mercure de mémoire). De ce que j’ai compris et du peu de souvenirs que j’en ai, plus mon nombril était rempli de métaux, et plus la prescription de la « dose thérapeutique » du produit à consommer se devait d’être importante ; c’est peut-être la raison pour laquelle mon nombril était toujours plein … « Non. Ah non. Oh que non ça ne va pas. Tes reins ne sont pas en bon état, ils sont encrassés. Prends de l’aluminium pour les nettoyer » (on se croirait dans une publicité mal faite ou dans une parodie, mais c’était exactement le type de réaction auquel j’avais droit). Bien que je n’aie pas fait de recherche à ce sujet dans la littérature scientifique, j’ai du mal à croire que ce type de pratique ait une quelconque pertinence et un quelconque fondement fiable.
Pour être honnête jusqu’au bout, voici les avantages principaux dont j’ai bénéficié chez la diététicienne : incitation à varier mon alimentation en intégrant de nouveaux aliments à ma routine alimentaire, premiers contacts avec le suivi de mon bilan corporel, développement de ma capacité à gérer mon plan alimentaire de façon autonome, première prise de conscience sérieuse sur les différents types de cuisson.
Avec du recul, je pense que mon mécontentement de l’époque vis-à-vis du kiné et de la diététicienne était essentiellement dû à leur approche qui consistait d’abord à transmettre leur savoir avant de comprendre mes croyances personnelles. Je suis aujourd’hui content d’avoir été encadré par ces deux professionnels, car ils ont contribué à mon évolution personnelle, mais à l’époque je leur en voulais énormément de ne pas avoir satisfait pleinement les attentes que j’avais d’eux.
Acolyte 2
Par la suite, mes parents ont fait appel aux services d’un coach sportif personnel (recommandé par un membre de la famille) qui m’accompagnait à mes entrainements en salle de fitness, ce qui satisfaisait mieux mes attentes de l’époque. Bien que ce coach me soit venu en aide en m’extirpant d’une de mes mauvaises habitudes alimentaires consistant à manger tous mes diners et souper à la vapeur (ne me demandez pas pourquoi, j’étais con et mal renseigné, j’ai certainement interprété à tort de façon binaire l’ancienne recommandation de la diététicienne consistant à manger plus sain à la vapeur..), ce dernier n’était pas en reste pour divulguer des bêtises. Pour preuve : vers la fin du coaching, lorsque je lui ai demandé qu’il me constitue un autre programme de musculation afin de reprendre mes entrainements sur une base neuve dés que je les pratiquerai de nouveau en totale autonomie, il m’a répondu d’un air plus que confiant que « des programmes de musculation, ce n’est certainement pas ça qui manque sur internet ». Suite à cette réponse d’amateur, je me suis demandé si le programme que j’avais suivi jusque maintenant provenait d’internet ou s’il était véritablement individualisé (pas de suspicion, juste un énorme doute) …
Résilience et bouleversement
C’est mon amour du sport, naît de ma volonté de dépassement personnel, elle-même naît de ma fragile personnalité, qui m’a rappelé au maintien de la musculation.
07-2018 (≈ 66kg, congestion post-séance, contraction maximale, teint de l’image flou, sourire parfait)
À 20 ans, une personne a fortement contribué à bouleverser ma vision empiriste de l’entrainement. Presque 4 ans de broscience ont été retourné par une dizaine d’heures de bon sens. C’est à cette période que j’ai entrevu le fossé qui me séparait des vrais passionnés. Je me suis dès lors plus et mieux ouvert à l’apprentissage. Cette même personne m’a donné goût au powerlifting, mais surtout m’a redonné goût à l’entrainement. J’avais besoin d’être écouté et compris, je voulais dès lors comprendre le pourquoi de chaque détail de ma programmation. C’est cette simplicité qui me soulageait à l’écoute et qui me motivait durant mes études : « si tu veux évoluer, ouvre un livre de 1000 pages, étudie-le, prends-en un autre et fais-le même avec le suivant jusqu’à ce que tu penses avoir assez parcouru le sujet. C’est l’accumulation qui te rendra meilleur ».
Cette personne et d’autres d’exception que j’ai rencontré durant mes études m’ont toutes transmise une chose commune : l’importance capitale de la définition concrète de ses priorités. Ils ont été les coachs mais aussi les amis dont j’avais besoin pour comprendre ce message.
Depuis avril 2022, je pratique sérieusement le powerlifting. Figurez-vous que j’aime ça au point où j’ai décidé d’en faire mon métier.
Conclusion
En conclusion, je n’ai pas exploité de manière efficiente mon potentiel sportif durant mon adolescence. J’avais une grosse part de responsabilité que je n’ai pas assumé lorsque cela était nécessaire. Concrètement, j’aurais pu mieux m’instruire plus tôt en lisant des livres, des articles, en diversifiant mes sources d’apprentissage. À la place, je suis longtemps resté enfermé dans la spirale du fitness francophone sur YouTube ainsi que dans les jeux vidéo. Peut-être que si je m’y étais pris autrement, je serais aujourd’hui quelqu’un de différent, quelqu’un de plus fort, plus musclé, plus cultivé, plus intelligent, plus confiant, …
Quand je repense à tout le temps que j’ai perdu à « ne rien faire » de productif, je ressens une pointe de honte et de mélancolie. J’oublie assez vite ces sentiments lorsque je me rappelle qui j’étais à l’époque : un garçon en recherche d’identité. Les vidéos de motivation m’insufflaient un élan vital juste pour aller à l’école. Pour m’en sortir, j’ai dû apprendre à rêver, la réalité était trop brutale pour moi. Malgré le désintérêt, le dégout, la frustration et la jalousie que j’éprouvais envers ma vie en comparaison à celle d’autrui, je m’accrochais à tout ce qui me permettait de continuer d’avancer.
Bien qu’il ait existé beaucoup d’adolescents ayant vécu des situations pires que la mienne, je ne mens pas lorsque je dis que j’ai souffert durant cette période de ma vie ; c’est pour cela que j’essaye de ne pas être trop dur envers le jeune immature que j’étais. Même si je ne m’y prenais pas toujours correctement, je trouve que ma démarche de vouloir m’en sortir grâce à la musculation pointait d’une certaine manière vers l’honneur. La musculation a d’abord été pour moi une roue de secours, une sorte de pause dans mon quotidien. J’ai au fur et à mesure appris à l’apprécier à sa juste valeur.
Aujourd’hui, mon objectif professionnel majeur est de développer « Berserk Training System », portant sur l’éducation sportive (principalement axé powerlifting et fitness). Au moment où j’écris ces lignes, en tant qu’athlète de powerlifting RAW, mon total SBD (squat, bench press, deadlift) est de 465kg (open, -74kg) ; rien à voir donc avec le poltron que j’étais qui pensait auparavant que le SBD présentait intrinsèquement un risque accru de blessure surtout en soulevant lourd … Je suis encore loin de celui que je souhaite devenir, mais j’augmente progressivement la distance avec celui que j’étais, et je pense que c’est avant tout cela qui a une véritable importance.
05-04-2024 (≈ 73kg, aucune congestion significative, contraction maximale, sourire plus que parfait)
* Mon nez « soulève » mes lunettes tellement je suis contracté. Fixez le et vous verrez le vrai Pinocchio ^^
Pour en savoir plus
En toute honnêteté, je vous avoue avoir été rassuré de savoir que je ne suis pas le seul à prendre la décision de m’exprimer publiquement sur mes vulnérabilités passées. En effet, Bryce Lewis, un coach de powerlifting ayant une réputation qui le précède, a écrit cet article en tant que coach personnel : https://medium.com/@brycelewis_55566/reflecting-back-on-past-failures-as-a-coach-23470ba6e57e ; il va sans dire que je l’ai dévoré tellement son contenu était inspirant et puissant ! Cet article m’a d’ailleurs été recommandé par un ancien de ses coachés, qui est aujourd’hui devenu mon consultant, formateur, maitre de stage, président de club, et ami, peut être coach personnel à l’avenir : https://smartandstrong.training/a-propos/ (si vous vous intéressez au powerlifting, c’est le type de personne qu’il ne faut pas perdre de vue)
Surtout à notre époque, où le paraitre constitué d’impératifs de beauté et de bonheur est glorifié par rapport à l’être, je pense que trop peu de personnes influentes s’expriment avec autant d’honnêteté et de transparence sur leurs vulnérabilités passées comme l’a fait Bryce. Et c’est certainement l’une des raisons, voire la raison principale, qui peut rendre son témoignage incompréhensible par certains (tout comme le présent témoignage d’ailleurs). Il y a un moment pour tout. En cela, je fais confiance en votre maturité pour saisir ce moment de non jugement lorsque vous lirez l’article de Bryce.
Références
[1] Nuzzo, J. L. (2019). The Case for Retiring Flexibility as a Major Component of Physical Fitness. Sports Medicine (Auckland), 50(5), 853‑870. https://doi.org/10.1007/s40279-019-01248-w
[2] Herbert, R. D., & Gabriel, M. (2002). Effects of stretching before and after exercising on muscle soreness and risk of injury : systematic review. The BMJ, 325(7362), 468. https://doi.org/10.1136/bmj.325.7362.468
[3] Hart, L. E. (2005). Effect of Stretching on Sport Injury Risk : a Review. Clinical Journal Of Sport Medicine, 15(2), 113. https://doi.org/10.1097/01.jsm.0000151869.98555.67
[4] Jamtvedt, G., Herbert, R. D., Flottorp, S., Odgaard‐Jensen, J., Håvelsrud, K., Barratt, A., Mathieu, E., Burls, A., & Oxman, A. D. (2009). A pragmatic randomised trial of stretching before and after physical activity to prevent injury and soreness. British Journal Of Sports Medicine, 44(14), 1002‑1009. https://doi.org/10.1136/bjsm.2009.062232
[5] Lauersen, J. B., Bertelsen, D. M., & Andersen, L. B. (2013). The effectiveness of exercise interventions to prevent sports injuries : a systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials. British Journal Of Sports Medicine, 48(11), 871‑877. https://doi.org/10.1136/bjsports-2013-092538
[6] Herrmann, M., Engelke, K., Ebert, R., Müller-Deubert, S., Rudert, M., Ziouti, F., Jundt, F., Felsenberg, D., & Jakob, F. (2020). Interactions between Muscle and Bone—Where Physics Meets Biology. Biomolecules, 10(3), 432. https://doi.org/10.3390/biom10030432
Si vous vous reconnaissez dans ce court témoignage, même partiellement, sachez que vous n’êtes pas seul. Nous vivons tous des moments difficiles. La réponse à nos difficultés présentes, peu importe leur nature, détermine notre capacité à surmonter nos difficultés futures, qui elle-même évolue avec le temps.
Il existera toujours des solutions pour s’en sortir. Pas forcément toujours celles que l’on souhaite ou qui nous réconforte, mais des solutions meilleures il en existera toujours. Parfois, peut être que lâcher prise en laissant faire le temps est la seule chose à faire pour mettre de l’ordre dans ses idées. Dans ce cas, « surmonter l’obstacle » peut induire en erreur si vous êtes persuadé que vous devez surmonter quelque chose …
En tant que coach sportif, je ne peux que vous inciter à pratiquer une ou plusieurs activités physiques de façon régulière. Il n’est jamais trop tard pour qui que ce soit de pratiquer le sport de votre choix. Comme j’aime le dire : « réactualisez vous d’après une amélioration et non selon une génération ». L’amélioration sportive est un spectre très large et ne se contente donc pas du poids que vous soulevez à l’entrainement. Si vous prenez plaisir à vous entrainer, vous progressez. Si vous voulez vous entrainer, vous progressez. Si vous voulez vous entrainer principalement pour votre santé mentale, vous progressez. Si vous vous entrainez sans rater vos séances depuis un certain temps, vous progressez …
Bref. Peu importe votre rapport au sport et à l’activité physique, je vous conseille de poursuivre vos recherches d’apprentissage auprès de personnes de confiance, même si celles-ci ne s’avèrent pas concluante après plusieurs tentatives (comme ça a été mon cas).
Sur ce, prenez soin de vous, car personne d’autre ne le fera aussi bien que vous et encore moins à votre place 😉