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ToggleUn peu de bon sens
Avez-vous déjà entamé une lecture sans commencer par le commencement ? C’est déplaisant, n’est-ce pas ? En lisant la seconde partie de cette petite série d’articles sans avoir lu la première partie au préalable, vous risquez de ressentir le même type de frustration ; c’est pourquoi, si vous n’avez pas encore lu la première partie, je vous invite à vous y rendre avant d’entamer la présente lecture.
Ne vous inquiétez pas, cet article ne se téléportera pas durant votre courte absence … Je vous dis donc « à bientôt » 😉
Pour ceux qui sont ici en connaissance de cause, voici les principales critiques que j’oppose à la « morpho-anatomie ».
Critique : "Morpho-anatomie"
1. Absence de sources (autres que l'expérience personnelle) OU Pourquoi la "morpho-anatomie" est-elle difficile à comprendre ? (partie 2)
Le plus gros reproche que j’émets à l’égard des prôneurs de la « morpho-anatomie » est leur manque de sources. La plupart du temps (pour ne pas dire toujours), ces derniers justifient leur propos par leur expérience ou celle de leur voisin. Non pas qu’une expérience personnelle soit inintéressante, mais par soucis d’honnêteté intellectuelle, la moindre des choses est d’admettre que l’expérience de quiconque est remplie de biais cognitif à elle seule ; d’où l’importance de se référer à la littérature scientifique (de préférence dans des ECR) pour limiter ces derniers.
« Bien qu’ils soient coûteux et prennent du temps, les essais contrôlés randomisés constituent l’étalon-or pour l’étude des relations de cause à effet, car la randomisation élimine une grande partie des biais inhérents à d’autres modèles d’étude » [29]. Il y a des choses que l’expérience personnelle à elle-seule n’a pas la capacité de faire, comme prétendre avoir autant de fiabilité qu’une ECR.
Note : l’absence de preuve n’est pas une preuve de l’absence. En l’occurrence, ce n’est pas parce que les prôneurs de la « morpho-anatomie » ne sourcent pas leur propos autrement que par l’expérience personnelle que leur argumentaire est automatiquement à jeter à la poubelle. Rappelez-vous que la bro-science ne vient pas que de l’émetteur du message, elle peut aussi surgir de son contradicteur. Peut-être serions-nous étonnés d’apprendre un jour que les précurseurs de la « morpho-anatomie » ont été parmi les premiers à découvrir certaines choses (à l’instar du principe de sérendipité), ou peut-être sont-ils jute des bros qui récitent leur théorie au sein de leur communauté fermée … Pas de conclusion hâtive à ce stade de la lecture.
Sans sources, nous ne pouvons pas connaitre les indices de références sur lesquels se base la « morpho-anatomie » pour définir la longueur d’un muscle et d’un segment osseux. Or, plusieurs prôneurs de cette théorie s’expriment en valeur absolue : « clavicules mi-longue mi-moyenne », « bras courts », « fémurs longs », « buste moyen », « biceps court » … Long, moyen, court, mais par rapport à qui et sur base de quoi exactement ?!
Par exemple, Pierre apporte de la précision aux « analyses morpho-anatomique » s’exprimant en valeur absolue, lorsqu’il s’exprime en valeur relative, en disant que notre corps est notre propre point de comparaison/référence pour estimer la longueur de nos segments et qu’il est inutile de chercher à les comparer à ceux d’autrui [6]. Malgré cette précision et ses explications, Pierre, comme les autres représentants de la « morpho-anatomie », fait aussi preuve d’absence de sources pour étayer ses propos …
Note : pour un bref rappel de l’importance de sourcer ses propos autrement que par l’expérience personnelle, je vous renvoie aux deux premiers paragraphes du présent sous-chapitre. Pour un bref rappel de l’importance de la science, je vous renvoie au premier article de cette série, dans le sous-chapitre « méconnaissance des études scientifiques ».
Étant donné que nous ne pouvons pas vérifier la véracité de « l’analyse morpho-anatomique » en tant que tel, dû à son absence de la littérature scientifique [22], nous ne pouvons que confronter les assertions des prôneurs de la « morpho-anatomie » avec les données de la littérature scientifique pour voir si cela fait sens ou non.
Mais avant cela …
Hypothèse personnelle : "stress-fatigue"
Si vous prônez la « morpho-anatomie », il est possible que vous pensiez que votre expérience en tant que pratiquant de musculation suit la même direction que la logique de cette théorie. Par exemple, vous pourriez vous dire « depuis que j’ai remplacé cet exercice sur lequel je ne progressais plus ou pas beaucoup, mes gains de force et d’hypertrophie ont augmenté ».
Si vous êtes concerné par cette situation, cela ne m’étonnerait pas d’apprendre que vous soyez un pratiquant débutant (initié, peu expérimenté). Cela ne m’étonnerait pas non plus d’apprendre que l’exercice que vous avez remplacé est poly-articulaire au poids libre (exemples : barbell back squat, dumbell bench press, etc) ou au poids du corps (exemples : pull up, dip, etc), au privilège d’un exercice plus simple d’apprentissage moteur (machine, mono-articulaire) ; vous êtes par exemple passé du barbell back squat au hack squat, du dumbell bench press vers du bench press à la machine, …
En me focalisant uniquement sur les paramètres à l’entrainement, mon hypothèse est la suivante : je pense que les résultats (rapides) octroyés par le remplacement de l’exercice poly-articulaire au poids libre/poids du corps ne sont pas dû à un exercice « mieux adapté à votre morphologie », ou « mieux adapté à la longueur de vos segments osseux », mais plutôt à la diminution de la complexité de l’exercice à réaliser via un meilleur rendement « stimulus-fatigue » (tel que présenté par le modèle de Mike [30]), vous permettant ainsi en tant que débutant (non-initié, peu d’expérience) de mieux exprimer votre potentiel de force sur un nouvel exercice plus simple d’apprentissage moteur (machine, mono-articulaire).
Note : le modèle de Mike se traduit simplement de la façon suivante [30] : entrainez-vous à partir d’exercices qui fournissent le meilleur compromis entre un stimulus maximal et une fatigue minimale.
Si vous avez décidé de remplacer un exercice poly-articulaire au poids libre/poids du corps en vue de respecter la logique de ce modèle, vous avez agi avec intelligence. Cependant, cette raison de changement d’exercice diffère de la croyance comme quoi ce serait la longueur de vos segments osseux qui serait à l’œuvre de l’émergence de vos nouvelles performances à la suite du changement d’exercice.
En soit, les exercices de résistance au poids libre ne sont pas intrinsèquement mieux pour augmenter l’hypertrophie musculaire par rapport aux exercices avec machine (et inversement), car les gains sont similaires [31, 32]. De plus, les gains d’hypertrophie musculaire globaux semblent similaires entre les exercices de résistance poly-articulaires et mono-articulaires (ce qui n’est pas une raison pour sélectionner des exercices sans choix judicieux du recrutement des muscles cibles) [32].
Cependant, les exercices poly-articulaire au poids libre/poids du corps sont plus complexe d’apprentissage moteur comparé à des exercices sur machine (suivant le même pattern de mouvement), car ils comportent des exigences supplémentaires en termes de stabilisation (exemples : contracter ses dorsaux est une nécessité au back squat tandis que l’importance est moindre pour le hack squat, maintenir l’abaissement des épaules en bas du pull up est souvent plus dur comparé à un lat pull down où le poids est modulable, le seated bench press bénéficie d’une position confortable sans grandes exigences de leg drive comparé au barbell bench press), et comparé à des exercices mono-articulaire, car plus de muscles sont recrutés avec plus d’exigences de stabilisation, mais aussi de co-contraction et de coordination (exemples : barbell squat vs leg extension, barbell deadlift vs lying leg curl, muscle up vs straight arm pull).
Bien que le système nerveux ait une grande capacité d’adaptation et que les premières adaptations de la force ont principalement lieu grâce à ce dernier [33], l’apprentissage d’un exercice poly-articulaire (notamment au poids libre/poids du corps) requiert du temps pour au moins prétendre à un niveau de maitrise suffisant que l’on pourrait traduire par le rapport entre une minimisation des compensations musculaires et une maximisation du recrutement des muscles cibles [34] (difficile de trouver la place précise du « suffisant » dans ce large spectre sans aborder l’aspect individuel).
Une personne recrutant davantage des muscles compensateurs que les muscles cibles générera une plus faible tension mécanique sur les muscles cibles, tandis que les muscles compensateurs (ainsi que des articulations dans une certaine mesure) supporteront plus de tension que prévu ; ce qui manifeste une technique d’exercice sous-efficiente, comme informé par [27]. À termes, cela peut cumuler une fatigue pouvant impacter les gains via une moins bonne récupération [30]. Or, nous savons que le facteur premier à l’hypertrophie musculaire est la tension mécanique [34], en partant du principe que cette tension soit répartie là où nous voulons qu’elle soit, et que nous soyons suffisamment en forme pour nous impliquer judicieusement à la bonne répartition de cette tension à l’entrainement.
Note : nous pouvons définir la tension mécanique comme ceci [35] : « quantité de force, par ordre de grandeur, appliquée à un tissu et décomposée en composantes active et passive par mesure du temps sous tension (répétitions x tempo de répétitions) et du niveau de tension (poids) ». À partir du modèle de Menno (le plus abouti à ce jour selon lui, malgré son imperfection admise), ayant pour vocation de prédire la relation dose-réponse entre le volume effectuer et la quantité de muscle gagner par « la mesure du nombre de séries par groupe musculaire par semaine à une charge donnée », la tension mécanique peut se définir plus simplement sans prendre en considération le temps sous tension [35].
Autrement dit, s’entrainer à partir d’un exercice dont les bases techniques ne sont pas maitrisées, c’est-à-dire dont les compensations musculaires sont importantes par rapport au recrutement des muscles cibles, entraine un ratio désavantageux « stimulus-fatigue » ; ce qui est d’autant plus marquant si en tant que débutant vous avez remplacé un exercice à plus haute fatigue nerveuse (poly-articulaire au poids libre/poids du corps) par un exercice à moindre fatigue nerveuse (machine, mono-articulaire).
En cela, je pense qu’il est biaisé de dire que la raison pour laquelle vous avez mieux progresser à la suite du changement d’un exercice (sans doute poly-articulaire au poids libre/poids du corps) est dû au remplacement d’un exercice « mieux adapté à votre morphologie » ou « mieux adapté à la longueur de vos segments osseux », étant donné qu’il est plus simple pour la majorité des débutants (non-initié, peu d’expérience) d’ajouter une tension mécanique supplémentaire (par l’augmentation de répétitions, de charge, d’amélioration de sa technique, etc) plus rapidement sur un exercice facilement accessible (machine, mono-articulaire) plutôt qu’à partir d’un exercice poly-articulaire au poids libre/poids du corps.
Ce ne serait donc pas la longueur des segments osseux qui représente la raison pour laquelle vous avez progressé (plus vite) en changeant d’exercice, mais plutôt une dépense plus intelligente/efficace de votre fatigue et de votre implication en répartissant mieux le stress mécanique vers les muscles cibles (avec minimisation des compensations musculaires), à partir de moindres exigences techniques sur le nouvel exercice ayant permis de soulever plus lourd et de cumuler plus de répétitions.
Vous pourriez dire « ton raisonnement est intéressant (je me jette des fleurs ah ah), mais ce n’est qu’une hypothèse après tout. Beaucoup d’autres variables interdépendantes peuvent impacter nos performances sur un exercice donné ». Ce à quoi je répondrai « exactement » !! Cependant, si ce que je viens d’avancer n’est qu’une hypothèse ne reflétant pas forcément la réalité de votre expérience en tant que pratiquant prônant la « morpho-anatomie », votre bon sens est censé vous faire admettre que croire en la véracité de la « morpho-anatomie » uniquement à partir de témoignages d’expérience personnelle (tel que le vôtre par exemple ?) ne peut pas dépasser le statut d’hypothèse …
En quoi mon hypothèse ne serait pas meilleure que la vôtre ? Et en quoi la vôtre ne serait pas meilleure que la mienne ? Ce sont des questions intéressantes …
Note : vos croyances vis-à-vis des exercices peut aussi être une raison vous ayant incité à changer (rapidement) d’exercice, de façon à vous entrainer sur un autre exercice qui vous semblait mieux. Par exemple, si après quelques mauvaises semaines de pratiques, vous concluez que le deadlift est un exercice dangereux pour le dos, et que vous vous devez de le changer en ce sens, il est naturel que votre dos soit devenu plus fort et plus volumineux après avoir transitionné sur un exercice à partir duquel vous êtes suffisamment en confiance pour vous entrainer sérieusement (sur un rowing unilatéral en appui sur un banc par exemple). La raison est simple : on ne peut pas progresser à partir d’un exercice que l’on n’entraine pas ; ce qui rejoint mon hypothèse initiale à propos de la tension mécanique et de l’implication vis-à-vis de l’intensité de sa série. De plus, il est possible que vos attentes de progression soient disproportionnées par rapport à la réalité. Peut-être avez-vous une conception erronée de ce qu’est la surcharge progressive sur un exercice donnée (ce qui est commun à beaucoup de débutants). Peut-être n’observez vous pas certains facteurs de votre progression dû à un manque d’impartialité (ce qui est commun à tous les pratiquants).
Cela dit, comment fait-on pour mettre à l’épreuve la véracité d’une hypothèse en ce qui nous concerne ? Via la littérature scientifique pardi !
Passons donc à la critique des deux avantages majeurs vantés par les représentants de la « morpho-anatomie » que sont la « meilleure performance » et le « moindre risque de blessure ».
2. "Meilleure performance"
Selon les représentants de la « morpho-anatomie », pour maximiser ses performances dans son sport, il faut avoir une morphologie particulière [7, 8, 36, 37].
Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que plus un muscle s’attache loin d’une articulation, plus il a la capacité de produire un couple articulaire important, et que la variabilité des points d’attache des muscles est bien plus importante que la variabilité de la longueur des segments osseux, car un petit changement peut générer une grande différence de production de force [38].
Exemple (comparaison de deux personnes) [38] : même longueur de torse, même niveau de force de contraction des ischio-jambiers, distance entre l’articulation de la hanche et l’origine des ischio-jambiers (tubérosité ischiatique) d’environ 3 pouces (moyenne) : si l’une des personnes a une tubérosité ischiatique dépassant d’un pouce, ou que ses ischio-jambiers prennent naissance un peu plus bas sur la tubérosité ischiatique, ce pouce supplémentaire signifie que cette personne produit un couple d’extension de la hanche supérieur d’environ 33 %.
Cela étant dit, la littérature scientifique (du moins celle que j’ai lu) n’a pas un avis aussi tranché sur l’importance de la longueur des segments osseux vis-à-vis de la performance comparée aux bros prônant la « morpho-anatomie » :
Sans doute, la totalité des bonnes études traitant de l’anthropométrie tiennent actuellement ce type de conclusion en tant que point pivot : « il existe plusieurs relations entre les caractéristiques anthropométriques des sujets de l’étude et les mesures de performance qui pourraient expliquer comment certains individus peuvent mieux performer dans les différentes épreuves proposées » ; comme c’est le cas avec celles que j’ai lu [39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50].
Après ce simple constat initial, nous apercevons quelques contradictions au sein de la littérature scientifique à ce sujet.
Ces contradictions peuvent dépendre d’un cadre méthodique non/moins appropriée ; c’est pourquoi une brève revue incite les futures recherches à préciser la discipline dans laquelle concourent les powerlifters (classique ou équipée) ainsi que leur affiliation ou non à une fédération antidopage, la soumission à des contrôles antidopage durant l’enquête, et si un résultat négatif à ces tests est suffisamment fiable pour représenter un critère d’éligibilité [39]. Cette incitation à l’élévation de la qualité du cadre méthodique est indispensable, d’autant plus lorsque nous savons que d’autres facteurs influencent la performance relative en powerlifting [40], tels que le sexe, l’âge, la masse corporelle (par exemple, bien que la FFM, comprenant la masse musculaire squelettique, la masse osseuse, et d’autres tissus organiques, soit un bon indicateur de la taille des muscles, elle n’est pas spécifique à la musculature du haut du corps utilisée au bench press [45]) ; d’autant plus que la complexité d’un mouvement poly-articulaire n’informe pas forcément sur les facteurs limitant la performance, car la force maximale d’une articulation isolée ne reflète pas nécessairement les exigences au cours du mouvement, dû aux exigences de co-contraction et de coordination comme c’est le cas avec le bench press [45]. Ajoutez à cela que littérature scientifique commence seulement à associer l’étude de la masse musculaire et de la longueur des segments osseux comme facteur de performance (ayant été en grande partie analysés séparément) [41], et vous pourrez légitimement partir du principe qu’affirmer ou sous-entendre que la longueur des segments osseux représente le facteur premier à la performance est une hyperbole.
Note : voir chapitre « pour en savoir plus » du troisième article de la présente série pour connaitre d’autres facteurs impactant la fiabilité des données d’une étude scientifique.
J’espère que vous aurez au moins retenu que la cadre méthodique d’une étude à une importance cruciale, car c’est ce qui détermine en grande partie la fiabilité des résultats. Si vous embarquez dans un avion, la moindre des choses est de réclamer que le pilote vous amène à la bonne destination, n’est-ce pas ? Remplacez le pilote par la méthode et vous comprendrez que vous ne pouvez pas vous en passer pour récolter des données fiables vis-à-vis de ce que vous souhaitez apprendre, à moins de vous cracher en cours de route (ce qui pourrait se traduire par le contentement de la lecture de « l’abstract » ou de la « conclusion » de l’étude pour en tirer ses propres interprétations).
Note : voir chapitre « pour en savoir plus » du troisième article de la présente série pour apprendre à mieux lire une ECR (essai contrôlé randomisé).
Trêve de bifurcations, rentrons dans le vif du sujet.
Menno et Thomas se sont partiellement basés sur [44], déterminant que la force du squat dépendait principalement du rapport masse grasse-masse musculaire par rapport à la longueur des segments, pour affirmer que la distinction majeure entre les athlètes de bas niveau et de haut niveau dans les sports de force est basé sur un rapport bénéfique masse grasse-masse musculaire et non sur la structure corporelle [51] : « la principale distinction entre les athlètes de bas niveau et les athlètes de haut niveau dans les sports de force n’est donc pas que certaines personnes ont eu plus de chance avec leur structure corporelle, mais que les athlètes de haut niveau sont tout simplement plus maigres et plus musclés ».
Malgré l’extrapolation de Menno et Thomas concernant cette étude sur le squat, dont les auteurs précisent bien que « les résultats ne peuvent pas être extrapolées à des pratiquants olympiques, en raison de la différence de cinématique des squats et de l’homogénéité de cette autre population » [44], nous pourrions nous satisfaire de leur conclusion en guise de plan d’action, car, bien que les longueurs corporelles soient généralement considérées comme des paramètres importants pour l’identification des talents, elles sont avant tout un paramètre fixe qui ne peut être modifié que de façon minimale par l’entraînement, contrairement à la masse musculaire [41].
Même si nous pourrions nous limiter à cela d’un point de vue pratique, j’ai tout de même voulu aller un peu plus loin afin d’affiner ma compréhension du sujet.
Dans deux études, les powerlifters plus faibles avaient des circonférences plus petites par unité de taille et une masse musculaire moins importante que les powerlifters plus forts, avec peu de différence des longueurs des segments, de façon absolue ou relative [47, 48] ; ce qui rejoint la précédente conclusion de Menno et Thomas. De plus, il semble que les athlètes à plus petite catégorie de poids ont de meilleures performances relatives comparé aux athlètes concourant dans de plus grandes catégories de poids, ce qui manifeste une fois de plus que la force relative est corrélée à la masse corporelle [40] : « le rapport entre la masse musculaire maigre et la masse grasse diminue probablement avec l’augmentation de la catégorie de poids, ce qui crée un biais relativement favorable aux catégories de poids plus légères ».
À partir de ce qui s’est dit jusqu’à présent, et malgré le fait qu’il semble que la longueur des segments osseux soit un moindre facteur de prédiction de la performance en squat après contrôle de la masse grasse et de la masse musculaire (étant hautement prédictives de la performance en squat) [44], et que le rapport entre le torse et la taille puisse avoir un impact minime sur nos performances en deadlift [46], nous pourrions tenter de définir le profil anthropométrique type du powerlifter sur les powerlifts.
En cela, Pierre-Marc et ses collègues sont une bonne piste de démarrage [43] :
- Profil anthropométrique avantagé au squat et bench press (points de Wilks) : plus grand, plus large, plus épais.
- Profil anthropométrique avantagé au deadlift : plus petits, plus minces, cuisses et troncs plus courts, tibias plus longs.
« Ces résultats pourraient être liés à l’emplacement de la barre, qui est placée au-dessus du corps pour le squat et le développé couché, ce qui avantage les personnes plus épaisses pour les deux types d’exercices, car un corps plus épais aide à stabiliser la barre dans le squat et réduit la distance de course dans le développé couché, mais désavantage les personnes plus épaisses pour le soulevé de terre, car la barre est placée devant le corps, ce qui rend plus difficile pour les personnes plus épaisses de se mettre dans une position correcte » [43].
Les auteurs d’une autre étude précisent que leurs résultats « ajoutent à la possibilité que le type de corps idéal d’un powerlifter fort dans le squat soit étroitement lié à celui idéal pour le développé couché, mais pas pour le soulevé de terre » [42]. Dans cet étude, un torse plus grand prédisait positivement la charge soulevée dans le squat, le développé couché, le soulevé de terre et le total, tandis qu’un rapport C/hauteur du torse plus élevé prédisait positivement les points de Wilks au squat, au développé couché et le total, ce qui peut s’expliquer selon les auteurs par le fait « qu’un torse plus épais pourrait éventuellement améliorer les leviers internes du powerlifter ainsi que lui permettre de gagner plus de masse musculaire maigre ». La portée/hauteur prédisant significativement positivement les points de Wilks dans le soulevé de terre et son % sur le total, et prédisant significativement négativement les points de Wilks au développé couché et son % sur le total, peut signifier respectivement que « des bras plus longs par rapport à la taille du corps contribuent à améliorer les leviers pour le soulevé de terre, car l’individu peut placer ses hanches plus près de la barre afin de réduire le moment du bras lorsqu’il est mesuré du centre de ses hanches au centre de la barre, mais que cela diminue l’avantage des powerlifters au développé couché à mesure de l’augmentation de la distance de l’effort ».
Selon ces auteurs, le profil anthropométrique avantagé au deadlift serait plus jeune, plus léger, plus mince, moins musclé, plus long (tour de taille et de torse, tibias, bras, avant-bras), plus petit (tronc, cuisses).
L’étude de Derrick et collègues informe que les variables anthropométriques et les variables biomécaniques comprennent de fortes relations de prédiction de la performance sur le bench press dans cet ordre d’importance [45] : facteurs biomécaniques (couple maximal total), variables anthropométriques (FFM).
L’étude de Alba et collègues présente pour la première fois deux modèles associant la masse musculaire et la longueur des segments osseux, ayant longuement été étudiées séparément, qui permettront sans doute une avancée dans la littérature scientifique [41] : rapport entre la surface et la longueur du membre étudiée (cm), rapport muscle/longueur du membre étudiée (cm). D’après le mouvement que ces chercheurs ont étudié (bench press), leurs résultats sont cohérents avec leur hypothèse principale selon laquelle « un bras plus court améliorerait la performance en bench press », malgré le fait qu’aucune variable anthropométrique n’a été significativement corrélée avec la performance [41]. Cependant, les deux modèles (rapport entre la surface et la longueur du bras en cm, rapport muscle/longueur du bras en cm) montrent une corrélation positive entre leur indice et la performance, avec des valeurs plus élevées chez les athlètes dont la surface musculaire du bras est élevée par rapport à la longueur du bras [41].
Un peu d'ordre dans nos idées
En tant que souleveur de poids, ce qui nous intéresse est d’interpréter les données issues de la littérature scientifique de façon à nous rapprocher de nos objectifs sportifs, de façon à être plus fort notamment. D’après la littérature scientifique que j’ai lue, plus de tendances considèrent globalement que la longueur des segments osseux contribue à la performance, mais cela ne revient pas à dire que ce facteur est celui qui impacte le plus la performance.
Un pro-morpho-anatomie me répondrait sans doute quelque chose comme : « pour s’entrainer de façon optimale, c’est-à-dire selon la longueur de nos segments osseux entre autres, nous pouvons changer d’exercice afin d’optimiser notre bras de levier ».
Note : il est communément admis qu’un bras de levier plus court induit moins de tension sur les tissus, tandis qu’un bras de levier plus long induit plus de tension sur les tissus. L’absence de bras de levier se traduit par une absence de couple sur les articulations.
Cependant, soyons pragmatique un instant.
Dans un premier temps, il appartient à chacun de choisir l’activité physique que l’on souhaite entreprendre. En cela, si vous voulez devenir un powerlifter, par définition, vous n’avez pas d’autre choix que de consacrer une grande partie de vos entrainements à la pratique des powerlifts (squat, bench press, deadlift). Remplacer un powerlift par un autre exercice « plus appropriée à sa morphologie » revient à pratiquer un autre sport que du powerlifting … Autrement dit, les mouvements inhérents à la discipline sportive ne peuvent être remplacer sous peine de pratiquer un autre sport, peu importe que vous ayez des bras courts, des clavicules longues, …
Ce paragraphe résume selon moi l’essence des informations des précédentes études [38] :
La taille des muscles est le seul facteur que l’on peut changer de façon importante à long terme (à l’exception de l’apprentissage moteur et de l’efficacité neuromusculaire, bien que les niveaux de gains soient assez faibles après les progrès rapides initiaux). Bien qu’il y ait une certaine variabilité dans les longueurs relatives des segments, si la longueur de nos segments devait impacter nos gains en powerlifting, l’impact serait souvent inférieur à 10% (il n’y a pas de raison valable pour que cela diffère du pratiquant de fitness ou autres sports s’y apparent). En effet, le couple requis augmente avec la taille des segments, mais il en va de même pour la masse musculaire globale. Cela signifie que plus un individu est grand, plus il devra produire un couple important nécessaire pour soulever un poids donné (comparé à un individu plus petit), mais une plus grande taille prédispose à plus de masse musculaire (et donc à un plus grand potentiel de production de force). À l’inverse, plus un individu est petit, moins il devra produire un couple important nécessaire pour soulever un poids donné (comparé à un individu plus grand), mais une plus petite taille prédispose à moins de masse musculaire (et donc à un moins grand potentiel de production de force). Nous pourrions en conclure que ce que nous gagnons d’un côté, nous le perdons de l’autre. C’est presque ça. Pour être plus précis, disons plutôt que « l’échelle est allométrique et non linéaire ».
Note : « la modélisation allométrique est une procédure mathématique qui permet de comparer des individus de taille différente en termes de variable de performance physiologique (telle que la force) par une variable anthropométrique (telle que la masse corporelle) » [52], ce qui fait d’elle une modélisation pouvant rajouter de la crédibilité au cadre méthodologique des futures recherches à ce sujet (comme proposé par le commentaire de Arianna et ses collègues – voir chapitre « pour en savoir plus »).
Finalement, en termes de priorité, la question n’est pas de savoir si vous êtes plus fait pour cet exercice plutôt qu’un autre. La question est plutôt de savoir si cet exercice répond à vos objectifs et crée les adaptations que vous convoitez. Tout pratiquant est en mesure d’apprendre tout exercice de musculation ; à condition de s’y prendre correctement. Si vous n’arrivez pas à progresser sur un mouvement, il y a de fortes chances que vous vous y prenez d’une mauvaise manière durant et/ou en dehors de votre entrainement. Dans ce cas, au lieu d’accuser l’exercice d’être fautif et en « non-concordance avec votre morpho-anatomie », questionnez plutôt votre approche et votre niveau d’apprentissage réel vis-à-vis de l’exercice. Certes, changer d’exercice dans un programme peut faire sens selon différents contextes. Mais vous, pourquoi changez-vous d’exercice ? Je vous recommande de vous poser sincèrement la question, au lieu d’avoir recours à la solution de facilité consistant à accuser l’exercice, car la progression de tout exercice prend du temps après les résultats initiaux (surtout les exercices poly-articulaire, surtout si vous avez des ambitions de compétition). De ce fait, l’apprentissage moteur ne se limite pas à la longueur de nos segments osseux.
Note : pour changer d’exercice dès lors qu’une contrainte se fait ressentir, certains bros de la « morpho-anatomie » ont sans doute oublier ce qu’était un cortex moteur..
Hypothèse personnelle : amplitude de mouvement
La logique de la « morpho-anatomie » appliquée au « moindre risque de blessure » pourrait avoir un léger impact négatif sur nos gains. En effet, les prôneurs de cette théorie recommandent aux « morphologies non appropriées » (aux « muscles longs » dans leur jargon) de ne pas s’entrainer en amplitude complète (particulièrement en fin d’amplitude à « haute tension d’étirement »), afin de minimiser le risque de blessure selon eux ; comme le recommande par exemple Rudy et Frédéric [5, 53] (nous verrons ce point plus en détail dans le chapitre suivant). Or, ne pas entrainer une partie d’amplitude de mouvement peut revenir à termes à ne pas progresser sur cette partie d’amplitude n’ayant pas été entrainé. Ce qui est qualifié de « sur-étirement » par certains prôneurs de la « morpho-anatomie », coupler à la recommandation d’éviter cette gamme d’amplitude à « haute tension d’étirement » étant jugé comme « trop importante » [5], peut malheureusement se refléter en pratique par une suppression d’une portion d’amplitude nécessaire/utile à la progression de certains pratiquants.
Note : je pense que la perte de tension sur des gammes d’amplitude où il est difficile de maintenir sa tension est un facteur contribuant à l’augmentation du risque de blessure (exemples : pull up bras tendus, buttwink au squat, descendre sous la parallèle au dip, etc). Dans cette perspective, ce ne serait donc pas une « haute tension d’étirement » qui augmente le risque de blessure, mais plutôt la perte (et le retour soudain) d’une importante tension des muscles cibles (pouvant se manifester par un accroissement de la tension d’étirement), au point de possiblement augmenter le risque de blessure.
Pour illustrer mes propos, voici un exemple des conséquences possibles à automatiser la perte de la fin de la phase excentrique au back squat (« haute tension d’étirement ») :
Ne pas descendre légèrement sous la parallèle en squat peut moins bien nous faire bénéficier du rebond (via le cycle étirement-raccourcissement), ce qui impacte forcément notre capacité à produire de la force durant notre phase concentrique et nos gains dans une plus large mesure si cette mauvaise habitude est répétée. Qui plus est, en tant que powerlifter, ce cas de figure peut nous habituer progressivement à un exercice qui ne respecte pas les standards de compétition (considérant entre autres qu’un squat valider est un squat où le creux de la hanche arrive au moins à la parallèle) [54].
Voici un exemple des conséquences possibles à automatiser la perte de la fin de la phase concentrique au back squat (« faible tension d’étirement ») :
Conserver un peu de flexion de hanches sur la fin de chaque répétition de squat peut créer de l’instabilité en cours de série, car nous ne nous laissons pas la possibilité de remettre notre corps sous tension (via de nouveaux bracing par exemples), ce qui peut nous faire perdre en force sur plusieurs répétitions étant donné que c’est l’extension de hanches complète (bras de levier nul) qui nous place dans les meilleures conditions pour mieux nous préparer à surmonter la prochaine répétition (mieux par rapport à une série en tension continue de la première à la dernière répétition). Qui plus est, en tant que powerlifter, ce cas de figure peut nous habituer progressivement à un exercice qui ne respecte pas les standards de compétition (considérant entre autres qu’un squat valider est un squat dont la répétition se finit en extension complète de hanches) [54].
Note : cela ne signifie pas qu’enchainer ses répétitions durant sa série est moins bien que prendre quelques secondes de pause entre certaines répétitions. C’est juste deux façons différentes de procéder, menant toute deux à des adaptations comportant une certaine différence.
Depuis environ une décennie, des données semblent considérées que les répétitions à longues longueurs musculaires (partielles allongées) octroient de légers gains supplémentaires d’hypertrophie musculaire, en comparaison aux répétitions en amplitude complète et aux partielles à faible longueurs musculaires [55]. Bien qu’il soit préférable d’interpréter ces données avec la plus grande des prudences, comme le recommande des experts du domaine [55], leur orientation actuelle semble ne pas concorder avec les recommandations des pro-morpho-anatomie adoptant une vision arbitraire de ce qu’est une portion d’amplitude à « haute tension d’étirement ».
Note : si ce sujet vous intéresse, je vous renvoie au chapitre « pour en savoir plus ».
3. "Moindre risque de blessures"
Je sais que les bros peuvent parfois parler en « langage codé » dû à leur jump d’assertions manquant souvent de prudence et de nuance. Ne vous inquiétez pas, je ramène tout de suite le point de référence principal au milieu du village en vous disant qu’il n’est pas possible de prédire une blessure à l’échelle individuelle, et qu’enrichir son analyse en prenant en considération plus de facteurs de risque n’y changera rien.
« La prédiction des blessures est une probabilité attribuée à un résultat potentiel qui comporte une incertitude inhérente autour de l’estimation » [56]. Or, « il n’existe actuellement aucun modèle de prédiction des lésions musculosquelettiques dans le domaine du sport dont l’utilisation puisse être recommandée dans la pratique » en raison d’un faible développement et d’un risque élevé de biais (souvent à partir d’échantillons de petite taille et d’une performance évaluée de manière inappropriée et incomplète) [57].
Vouloir prédire une blessure chez un athlète/sportif, c’est un peu comme vouloir prédire la météo [56] : rien n’est certain, et quand bien même votre prédiction a des chances d’être fiable, à mesure que nous nous rapprochons du jour de la prédiction de la blessure, l’incertitude de la prévision diminue en laissant la possibilité à beaucoup de choses de changer jusqu’au moment redouté.
Voici quelques raisons pour lesquelles la prévision des blessures est si difficile [56] :
- Système athlète-environnement : système adaptatif complexe, nécessite d’étudier la complexité de l’environnement dans lequel vit l’athlète et de se rapprocher le plus possible de l’événement déclencheur pour exposer les liens potentiels.
- Comportement émergent : non linéaire, façonné par une multitude de facteurs.
- Plus la durée de la prévision est longue, plus il devient difficile de mesurer l’impact des probabilités.
- Les blessures sont aussi liées à une bonne dose de malchance ; c’est pourquoi nous trouvons des athlètes forts, reposés et en forme qui succombent également à une blessure.
Prétendre être en mesure de prédire les blessures revient à prétendre connaitre ce qui n’est pas mesurable en termes de facteurs de risques. Je trouve cela assez culotter, voire potentiellement dangereux si une mauvaise prise en charge professionnelle a lieu par la suite.
Aperçu des liaisons de plusieurs facteurs de risque de blessure rendant impossible la prédiction des blessures à l’échelle individuelle [58] (merci aux intervenants [2] pour avoir partagé cette source)
D’ailleurs, les changements de définitions de l’épidémiologie à travers les années nous enseignent ceci [59] : pour qu’un champ d’étude puisse être davantage utile à la société, il importe qu’il cible des objectifs réalistes. De nos jours, l’épidémiologie (au sens large) peut se définir comme « l’étude de la répartition des maladies et de la santé dans la population » [59]. Or, ce n’est pas pour rien que l’épidémiologie n’a pas pour objectif de prédire les blessures de chaque individu, car les études ont un coût, et nier l’étude d’une population au privilège de l’étude individuelle ne permet pas d’enrichir la recherche étant donné que les points de comparaisons s’en retrouvent minimisés ; d’où l’importance d’orienter le champ d’étude en fonction d’objectifs réalistes.
Un peu d'ordre dans nos idées
Nous ne pouvons donc pas prédire les blessures, mais nous pouvons diminuer leur risque d’apparition. Bien qu’il existe des facteurs qui impactent notre risque de blessure sur lesquels nous n’avons aucun pouvoir d’action (exemple : âge, etc) [60], voici quelques facteurs que nous pouvons influencer afin de diminuer notre risque de blessure [60] : gérer sa charge de travail (pas de pic brusque et soudain, pas de charge chronique trop faible), gérer son stress ainsi que la perception que l’on en a, consommer suffisamment de Kcal associées à ses besoins personnels, ne pas consommer de substances illicites (notamment des stéroïdes anabolisants et androgènes), dormir suffisamment en quantité (7-8h/jour) et en qualité (pas d’interruption), etc. Ne pas se blesser diminue aussi notre risque de blessure, car une zone de notre corps qui était anciennement lésée est plus sujette à la blessure [60] (philosophie « no pain no gain » en PLS).
Note : si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, lisez le mémoire de Thibault au chapitre « pour en savoir plus ».
Selon la sagesse populaire (du moins dans le fitness francophone), notre corps serait prédisposé à des facilités à se blesser selon la longueur de ses segments osseux et la longueur de ses muscles, ce qui comporterait des risques individuels plus ou moins important en fonction du choix des exercices à l’entrainement, de l’amplitude de mouvement et du niveau de notre mobilité [4]. Sérieusement, rien ne vous choque ? « Prédisposer à la blessure » !!!!!
Note : peut-être que cette affirmation on ne peut plus erronée vient d’un manque de distinction entre le risque et le danger, ou d’un manque de distinction entre le risque encoure par une population et celui encouru par un individu. Effectivement, beaucoup de personnes (mêmes certains professionnels de la santé malheureusement) ne sont pas en mesure de distinguer le risque du danger, et parlent parfois à l’échelle d’une population avant de s’intéresser à la personne qu’ils ont en face d’eux. Ce manque de connaissances peut créer un décalage entre le message initial et la façon dont il est exprimé et interprété ; c’est peut-être ce manque de compréhension du sujet qui a amené Rudy à tenir de tel propos (voir chapitre « pour en savoir plus » afin d’apprendre à distinguer le risque du danger entre autres).
Rudy n’est pas le seul à penser de cette façon [3, 6, 7].
Un proverbe dit que, pour bien faire, la moindre des choses est que le niveau d’assertion se doit de refléter le niveau de preuve.
Rappelez-vous que c’est juste impossible de prédire une blessure à l’échelle individuelle (pour les raisons précédemment énoncées). Or, considérer que [faites votre choix] morphologie prédispose davantage à un risque de blessure pour [faites votre choix] individu sur [faites votre choix] exercice est une promesse de prédiction des blessures. Cela revient à considérer par extension que chaque morphologie s’associe mieux avec des exercices qui lui seraient intrinsèquement plus sécurisant par rapport à d’autres exercices qui lui seraient intrinsèquement insécurisant ; ce qui nous amène à la contradiction suivante.
Point sur les muscles et les tendons
Sur le plan des risques de blessure, un argument majeur des prôneurs de la « morpho-anatomie » est de dire qu’un « muscle court » (signification : par ordre de grandeur, les attachements du muscle sont courts) est moins sujet à se blesser qu’un « muscle long » à contrainte de mouvement égale (charge, volume, etc) [53]. Étant donné que la force et la résistance d’un tendon dépendent de son diamètre et de sa longueur, cela fait sens [61] : les tendons court ont une résistance supérieure à la traction comparée aux tendons longs (leur permettant de tolérer une charge plus importante à diamètre égal), tandis que les tendons longs supportent une déformation plus importante comparée aux tendons courts.
Définition possible du tendon [62] : « le tendon est un tissu conjonctif organisé de manière complexe qui transfère efficacement la force musculaire au squelette osseux (le muscle influence l’activité du tendon et, à son tour, le tendon influence le fonctionnement du muscle [61]). Sa structure, sa fonction et sa physiologie reflètent les contraintes mécaniques extrêmes et répétitives que subissent les tissus tendineux ».
Cependant …
Je vous rappelle ici l’importance de distinguer la « morpho-anatomie » et « l’analyse morpho-anatomique ». Une fois de plus, quels sont les critères de comparaison ? Si nous comparons deux individus entre eux, pensez-vous sérieusement qu’il soit possible de remarquer une différence d’attachement de tendon à l’œil nu ? Foutaise ! « Les propriétés mécaniques passives de l’organe entier (unité muscle-tendon-os) reflètent une structure hautement déformable qui est difficile à caractériser ex vivo » [62]. Dans ce cas, c’est plus l’éligibilité de « l’analyse morpho anatomique » qui se doit d’être revu plutôt que la façon dont le pratiquant doit s’entrainer. Et si « l’analyse morpho-anatomique » se base essentiellement sur des indications relatives, c’est-à-dire essentiellement sur le corps du sportif analysé (sans comparaison avec autrui par définition), la seule chose censée qu’il reste est la mécano-transduction ; ce qui par extension invalide la croyance selon laquelle notre corps serait plus sujet à l’un ou l’autre risque de blessure d’après sa constitution musculo-articulaire.
De ce manque de fiabilité de « l’analyse morpho-anatomique » et des conclusions qui en découlent, résulte selon moi une sous-estimation de l’importance de la mécano-transduction par les représentants de la « morpho-anatomie ».
Certes, les tissus tendineux peuvent être en danger en s’exposant soudainement à des contraintes mécaniques élevées [62]. La question qui se pose naturellement est la suivante : « qu’est-ce qu’une exposition soudaine à des contraintes mécaniques élevées ? ». Cela peut passer par une charge lourde et une amplitude articulaire complète comme le prétende Rudy et Frédéric [5, 53].
De nos jours, il est largement admis qu’une rupture de tendon peut être attribuées à des lésions tissulaires sous-jacentes accumulées associées à des processus dégénératifs de remodelage tissulaire [62]. Pour mettre un maximum de chances de notre côté afin d’éviter que cela ne se produise, il me semble que nous sommes obligés de considérer la mécano-transduction comme principe phare de tout bon programme d’entrainement. Son principe central s’appliquant aux os, tendons et autres tissus peut se définir comme ceci [62] : « les contraintes mécaniques au niveau cellulaire entraînent le remodelage des tissus ». Concernant les tendons, cela s’apparente à la loi de Davis, pouvant se définir comme « un principe physiologique selon lequel les tissus mous guérissent en fonction de la manière dont ils sont sollicités mécaniquement » [63].
« Bien que nous soyons encore loin d’une compréhension totale des mécanismes dominant l’adaptation et la réparation des tissus, il a été démontré que de nombreuses voies de signalisation cellulaires et intercellulaires en interaction sont directement régulées par la charge mécanique, et jouent un rôle dans la réponse adaptative vers une nouvelle homéostasie » [62]. De plus, les chercheurs pensent que « la sensibilité des cellules tendineuses et la réponse de signalisation en aval à ces déclencheurs mécaniques sont modulées par l’état de santé général des compartiments intrinsèques (structure et composition de la matrice) et extrinsèques (vascularisation des tissus, état d’inflammation, douleur) » [62]. En pratique, nous pourrions simplement traduire cela par le fait de mettre progressivement en charge nos tissus (muscles, tendons, etc), en plus de prendre en compte tous les autres aspects relatifs à une bonne hygiène de vie (nutrition, sommeil, stress psycho-émotionnel, etc).
Un bro de la « morpho-anatomie » emploie en quelque sorte son propre module de Young pour crédibiliser son « analyse morpho-anatomique » (que je nommerai « module de bro »), afin d’estimer le niveau de risque de blessure d’un muscle/tendon à la suite d’un exercice jugé « dangereux » dû à une charge et une amplitude de mouvement jugé « trop importante ».
Note : le module de Young, est le « rapport entre la contrainte de traction et la déformation de traction (exprimé en unités de pression) permettant de définir la facilité avec laquelle le tendon peut s’étirer et se déformer » [61].
Considérer que la mise en charge progressive des tendons a moins d’importance que le « module de bro » revient à mettre en second plan la loi de Davis et d’autres composantes de la mécano-transduction dans une plus large mesure ; ce qui revient à nier une connaissance ayant été établie depuis plus d’un siècle [62]. Alors … Je répète ici le même proverbe pour la seconde fois : pour bien faire, la moindre des choses est que le niveau d’assertion se doit de refléter le niveau de preuve. En cela, je souhaite bonne chance à ceux qui nie la loi de Davis, et je prie envers ceux qui nie la mécano-transduction au sens large du terme. Bonne chance dans ce combat perdu d’avance …
Si vous ne niez pas la mécano-transduction, vous êtes obligé d’admettre que le « module de bro » n’a pas de sens, car ces deux concepts ne peuvent pas coexister ensemble étant donné qu’ils se contredisent mutuellement ; il n’est pas possible d’admettre que les tissus ont la capacité de se renforcer et de guérir selon une sollicitions mécanique mesurée, et en contrepartie poser une vision arbitraire sur ce qu’est une amplitude et une charge trop importante.
Note : cela fait référence au principe de non-contradiction que nous aborderons dans le prochain article.
Autant la « morpho-anatomie », telle qu’elle est véhiculée par ses représentants, peut-être considérer comme imprudente sur le plan de la performance dû à son absence de sources (autres que l’expérience personnelle), autant je viens de vous présenter une raison légitime qui fait d’elle une théorie potentiellement dangereuse dû à son éloignement de la compréhension de la physiologie humaine.
Pour en savoir plus
Performance
- Je vous invite à lire cet article : https://doi.org/10.1519/jsc.0000000000003570
Je ne l’ai pas lu car il est payant. S’il venait à être accessible gratuitement, ou si un jour je décide de changer d’avis pour m’offrir un cadeau d’anniversaire (chacun son kiff), j’intégrerai son contenu au sein du présent article. De toute façon, je doute que ses données soient en mesure de nous éloigner légitimement des informations disponibles au sein de l’un des sous chapitres « un peu d’ordre dans nos idées ».
- Pour mieux cerner la complexité des interactions biomécaniques du système de mouvement, il importe de privilégier un modèle intégratif et non un modèle réductionniste, tel que recommander par les auteures de ce commentaire : https://doi.org/10.1101/2020.10.14.339390
Les auteurs de ce commentaire nous informent ceci : « nous présenterons quatre arguments en faveur de l’approche intégrative. Premièrement, une morphologie de levier unique peut produire une large gamme de vitesses de sortie maximales si les propriétés musculaires et les forces de résistance varient. Deuxièmement, différentes morphologies de levier peuvent produire des performances identiques dans un large éventail de conditions. Troisièmement, l’avantage mécanique n’est pas le facteur le plus déterminant de la performance dans les systèmes dynamiques ; les forces résistives, telles que l’inertie, sont plus importantes pour déterminer la vitesse de comportement. Enfin, nous examinons une gamme de bras de levier pour fournir une explication mécanique de la façon dont les composants d’un système de levier dynamique interagissent ».
Note : ce commentaire n’a pas été finalisé par les auteurs, il peut contenir des erreurs dû au fait que son contenu n’a pas encore été acceptées ou approuvées de quelque manière que ce soit par la communauté scientifique ou médicale.
- « Plus long et plus fort : comment l’amplitude des mouvements et la longueur des muscles affectent la croissance musculaire et les gains de force » : https://www.strongerbyscience.com/rom/
- Retour de Brad Schoenfeld sur les longueurs musculaires (et bien plus encore) : https://www.youtube.com/watch?v=7Vwk4xPkC5U
Risque de blessures
- Petite série d’articles : « Le risque en perspective » : https://scimoms.wordpress.com/2018/02/22/risk-perspective-series-intro/
- Mémoire de master en kinésithérapie : « Prévalence et facteurs de risque de blessures en powerlifting classique : une revue de la littérature » : https://youtu.be/pc3FxwVngbs?si=ASsEI1_fPx7s2p6K
- En description de cette vidéo YouTube, vous retrouverez une petite liste d’articles scientifiques (assemblée par Le Youtubeur « Cerveau Muscle ») n’établissant pas de liens entre la morphologie et les risques de blessures : https://youtu.be/BIG8wEfRq18?feature=shared
Je n’ai pas lu les articles repris au sein de cette liste ; c’est pourquoi je vous les présente en tant que lecture supplémentaire et non en tant qu’opposition à la « morpho-anatomie ».
Interviews critiquant la "morpho-anatomie"
- Greg Nuckols : https://youtu.be/rwbnAl0hQBA?feature=shared (44:40-01:01:40)
- Mark Slavin et Benny Price : https://youtu.be/O9Q1jwaQT30?feature=shared (10:47)
- Didier Reiss : https://youtu.be/W8vbn-A1e04?feature=shared (20:00-40:00)
Références
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[32] Stronger By Science. (2024, 24 mai). What Are The Best Exercises to Build Muscle ? (Science Explained) [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=Qita1t8ZjnE
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[35] Menno Henselmans. (2024, 19 mars). This determines how much muscle you’ll gain from your training [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=K5J9QGys5O0
[36] Biomécanique. (2024, 19 février). # 216 Pierre Lesueur – L’arnaque de la morpho-anatomie ? [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=QcBUIAzl05c
[37] Aurélien Broussal. (2023, 17 décembre). Les 3 CLÉS de l’analyse MORPHO-ANATOMIQUE (avec @RudyCoiaSP) [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=0TN-JRUJF5w
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[63] Wikipedia contributors. (2024, 23 mars). Davis’s law. Wikipedia. https://en.wikipedia.org/wiki/Davis%27s_law
À toi mon brave, qui a le courage et l’audace de remettre en question tes propres croyances en vue de devenir meilleur, je t’adresse ce message en guise de soutien :
N’oublie pas que ton chemin sera parsemé d’embuches. Mais quoi qu’il en soit, la réponse finale que le véritable « roi des jeux » adopte ne peut être que la suivante (à écouter sans modération) : https://www.youtube.com/watch?v=CAeA2LWlGXk
À bientôt dans la dernière partie de cette petite série d’articles 😉